Alors que le procès devant le Tribunal de police de Genève concerne
un expert jugé pour tentative de corruption, c'est en fait l'ancien
procureur, actuellement juge, qui a été au centre des plaidoiries
mercredi.
Laurent Kasper-Ansermet a recruté en novembre 1994 un expert non
assermenté par le parquet pour enquêter sur la situation financière
du groupe Noga de Nessim Gaon.
Cet homme a chargé un agent immobilier vaudois de rencontrer des
représentants du financier genevois. L'intermédiaire leur a proposé
un rapport favorable en échange de deux millions de francs. Nessim
Gaon a refusé la transaction et a porté plainte.
Laurent Kasper-Ansermet n'a pas comparu devant la justice, le Grand
Conseil ayant refusé de lever son immunité en 1999. Il a reçu un
blâme de ses pairs.
L'un des avocats de Nessim Gaon, l'ancien bâtonnier Marc Bonnant, a
relevé que «la magistrature s'était accommodée de mauvaises
manières» pendant les années nonante. Certains juges, en Europe, se
sont sentis investis d'une mission de lutte contre la criminalité
justifiant n'importe quel moyen.
L'avocat a déclaré que l'on ne pouvait pas tolérer certains
comportements. Il a notamment cité l'entrave à l'action pénale, le
faux témoignage et le recel de documents volés. L'expert du
procureur est en effet parvenu à ravir des pièces comptables de
Noga grâce à des relations au sein de l'entreprise.
Michel Halpérin, l'autre avocat de Nessim Gaon, a évoqué une «sorte
de complot». Il a dénoncé la frénésie de Laurent Kasper-Ansermet
visant à arrêter Nessim Gaon.
(kil/sda)