France: la gauche remporte deux victoires capitales

A un an des élections législatives et présidentielle, le scrutin est riche en enseignements. Tant pour le président Jacques Chirac, issu des rangs du RPR, que pour le Premier ministre socialiste, Lionel Jospin. Scrutin capital à Paris, les municipales ont permis une alternance historique dans l'ancien fief du chef de l'Etat, détenu sans discontinuer par la droite depuis l'instauration en 1977 du système administratif actuel. La gauche détient désormais la majorité dans 12 des 20 arrondissements de la capitale. Elle possédera 92 sièges au Conseil de Paris, qui compte 163 membres et où la majorité est fixée à 82 sièges.

Lionel Jospin s'est rendu au QG de campagne de celui qui sera élu maire de Paris le 25 mars. Bertrand Delanoë, chef de file des listes PS-PC-PRG-MDC-Verts, a de son côté salué une «victoire de l'audace et de la raison» et prôné un «renouvellement de la culture et des pratiques démocratiques». Des déchirements s'annoncent par contre à droite. Philippe Séguin, le candidat RPR-UDF-DL à la mairie de Paris, a été défait dans le 18e arrondissement, tandis que le RPR Pierre Lellouche, qui avait fusionné avec le tibériste Vincent Reina, a été battu dans le 9e. Jean Tiberi a, lui, été réélu dans le 5e arrondissement. La stratégie de la droite a été aussi mise en échec à Lyon. Le socialiste Gérard Collomb y a revendiqué une victoire d'un «arc républicain» des «démocrates», face à l'alliance entre le RPR Jean- Michel Dubernard et Charles Millon - l'ancien «paria» de la droite pour cause d'alliance avec l'extrême droite lors des régionales de 1998.

Mais les victoires historiques de la gauche à Paris et Lyon ne masquent pas la déconvenue de la majorité plurielle dans plusieurs de ses bastions de province. Au total, une vingtaine de villes de plus 30 000 habitants basculent en effet de gauche à droite, tandis que moins de dix villes passent de droite à gauche. Cette «vague bleue» s'est produite au détriment notamment de trois ministres socialistes du gouvernement Jospin: Jack Lang à Blois, Elisabeth Guigou à Avignon, et Pierre Moscovici à Montbéliard. L'ancienne ministre de la Culture Catherine Trautmann est elle sévèrement battue à Strasbourg. Autre déception pour la gauche: la deuxième ville de France, Marseille, est restée aux mains de la droite. A Toulouse, la quatrième ville du pays, âprement disputée, la liste de droite conduite par l'ancien ministre centriste de la Santé Philippe Douste-Blazy a également remporté la victoire.

Enfin, après la victoire de Jacques Bompard dès le premier tour à Orange, l'extrême droite a résisté dans deux autres de ses fiefs, Marignane et Vitrolles, conquis par le Mouvement national républicain (MNR). Catherine Mégret a été réélue à Vitrolles avec 45,32 % des voix, et Daniel Simonpiéri l'a emporté avec 62,52 % à Marignane. Bruno Mégret, président du MNR, a salué «un bon succès pour son tout jeune mouvement» en dépit des dissensions avec le FN. L'extrême droite était présente dans 41 villes dimanche. Selon les instituts de sondage, l'abstention se chiffre pour ce second tour entre 30,5 % et 31 %. Au premier tour, elle avait atteint 32,7 %.

(sda)