Joute serrée entre Silvio Berlusconi et Francesco Rutelli

Une forte affluence a été enregistrée pour ce scrutin à un tour concluant une campagne à la tonalité souvent agressive. A 21h30, 70 % des Italiens avaient déposé leur bulletin dans les urnes, selon un pointage partiel du ministère de l'intérieur. De longues files d'attentes se sont formées devant les locaux de vote, forçant les électeurs et les ténors politiques à la patience.

Clôture retardée

En conséquence, le ministère a autorisé les bureaux à rester ouverts au-delà de l'horaire normal de fermeture à 22h00, pour permettre la participation de tous les électeurs. La publication des premières projections par les instituts de sondage a aussi été retardée jusqu'à 23h00, pour ne pas influencer les derniers votes.

«La dernière fois que j'ai vu (une telle participation), c'est en 1948, quand il s'agissait de donner ou non l'Italie aux communistes!», lançait Antonio Guizzi, ingénieur d'une soixantaine d'années, dans un bureau de Rome. «La violence du ton de la campagne nous a réveillés», ajoutait Guido, étudiant, un des rares jeunes présents.

Cette affluence «peut changer» l'issue du scrutin, «pas de tellement mais un peu», a estimé le président de l'institut de sondage Datamedia, Luigi Crespi. «Cela peut être déterminant pour les petits partis», a-t-il ajouté.

Donnée essentielle

Le taux de participation était considéré comme l'une des données essentielles du scrutin, annoncé comme serré entre les deux grandes coalitions en lice: la Maison des libertés (CDL) de M. Berlusconi à droite et l'Olivier, dirigé par l'ancien maire de Rome Francesco Rutelli, à gauche.

Les deux candidats se sont dits persuadés de remporter le scrutin. Mais certains analystes envisagaient qu'aucun camp ne l'emporte clairement, ce qui les obligerait à rechercher le soutien de petits partis.

Alliés encombrants

M. Berlusconi, 64 ans, a jeté tout son talent de communicateur dans la bataille, placardant dès l'automne son portrait rajeuni dans toute la péninsule. Pour tenter de combler son retard, son rival a fait porter ses efforts sur la place de l'Italie dans l'Europe, jugeant que la droite, en cas de victoire, serait aussitôt rejetée par ses partenaires européens.

M. Rutelli a notamment souligné la présence au sein de la CDL d'alliés peu fréquentables tels que les néo-fascistes d'Alleanza nazionale et surtout de la Ligue du Nord. Le dirigeant de la «Lega» a notamment traité l'Union européenne (UE) d'»Union soviétique de l'Occident».

Les deux blocs se sont toutefois peu différenciés durant la campagne, leurs programmes présentant bien des parentés sur les grands sujets: baisses d'impôts, créations d'emplois, relance de la croissance, lutte contre l'immigration clandestine ou encore efforts pour doper l'économie du Mezzogiorno.

Communales et provinciales

Par ailleurs, quelque quatorze millions d'électeurs devaient choisir leurs maires et les conseils municipaux dans près de 1300 des 8000 communes de la péninsule, dont les quatre plus grandes villes italiennes, Rome, Milan, Naples et Turin. Des élections avaient également lieu dans cinq des 103 provincessi bien que les électeurs ont jusqu'à six bulletins à remplir.

(kil/sda)