Junichiro Koizumi : Un gouvernement «de réforme» rajeuni et féminisé

Avec un record de cinq femmes et trois personnalités de la société civile au gouvernement, M. Koizumi a innové et tenté de répondre aux attentes populaires qui l'ont porté au pouvoir. Le Japon espère avec lui sortir de la récession économique.

Deux heures avant d'annoncer son gouvernement, l'atypique M. Koizumi avait été élu Premier ministre à une large majorité par les parlementaires. Koizumi, «excentrique» aux cheveux longs âgé de 59 ans, a obtenu 287 voix sur 478 suffrages exprimés à la chambre basse, contre 127 à l'opposant Yukio Hatoyama.

Première femme aux Affaires étrangères

Cette nomination était une formalité depuis son surprenant triomphe, mardi, dans la course pour la présidence du Parti Libéral Démocrate (PLD).

M. Koizumi a notamment répondu au désir de l'opinion en appelant au gouvernement l'iconoclaste Makiko Tanaka, la plus populaire des figures politiques de l'archipel. A 57 ans, cette députée réputée pour ses formules assassines sur les confrères politiciens devient la première femme à diriger la diplomatie japonaise. Elle est la fille de l'ancien Premier ministre Kakuei Tanaka.

Les autres ministères occupées par des femmes sont ceux de la Justice, de l'Education, Culture et Sports, de la Construction et de l'Environnement.

Marchés financiers refroidis

Parmi les autres choix «populaires» de M. Koizumi figure le professeur d'université Heizo Takenaka, 50 ans, à la politique économique. Il s'est fait apprécier en expliquant avec clarté l'économie à la télévision.

Tournant le dos à la vieille garde du PLD, le Premier ministre a également fait confiance à des personnalités plus jeunes du parti, comme Nobuteru Ishihara, 44 ans, aux Réformes administratives, ou Gen Nakatani, 43 ans, à la Défense.

Les marchés financiers ont en revanche été déçus par l'arrivée, au ministère des Finances, de Masajuro Shiokawa. A 79 ans, il est à peine plus jeune que son prédécesseur Kiichi Miyazawa, 81 ans. Le yen a piqué du nez à l'annonce de sa nomination, car «les investisseurs espéraient un jeune ministre», selon un analyste.

Scepticisme

La composition du gouvernement était attendue avec intérêt par les experts pour juger de la réelle volonté de M. Koizumi de rompre avec le système traditionnel basé sur l'équilibre des clans. De fait, il n'a offert que deux sièges à la première faction du PLD, conduite par Ryutaro Hashimoto, largement battu à la course à la présidence.

Des observateurs ont aussi exprimé leur scepticisme face à M. Koizumi, qui n'a pas encore dévoilé sa politique future. Il ont souligné le fait qu'il semble jouer sur le populisme. Un commentateur a relevé que la très populaire nouvelle ministre des affaires étrangères n'avait aucune expérience diplomatique.

Le prédécesseur de M. Koizumi, Yoshiro Mori, a quitté le pouvoir très discrètement après avoir battu des records d'impopularité. M. Koizumi devient le 11e Premier ministre japonais depuis treize ans, nombre de ses prédécesseurs ayant dû abréger leur mandat sur fond de scandales et de chaos politique.

Outre un redémarrage de l'économie, l'opinion publique attend aussi du nouveau Premier ministre une réforme du parti au pouvoir, le PLD. Ce dernier est soupçonné de corruption et dominé par les luttes internes.

(la/news.ch)