La Bulgarie lance une réforme pour ses orphelinats

«Le système de soins pour enfants en Bulgarie est ancien, onéreux, non efficace et ne correspond pas à la convention des Nations unies sur les droits de l'enfant», a estimé en mars la Banque mondiale. L'institution a donc adhéré à un projet du gouvernement bulgare de réforme globale des orphelinats. La réforme prévoit une réduction de 20% du nombre des enfants dans les orphelinats d'ici 2003, ainsi qu'une amélioration des conditions de vie dans ces institutions financées par l'Etat.

Les orphelinats bulgares se trouvent «dans des localités inimaginables, dans des édifices qui ne sont pas adaptés» et dans lesquels «personne n'a rien investi depuis 50 ans», déclare la vice- ministre bulgare des Affaires sociales, Mme Tatiana Vassileva. Celui de Fakia, qui accueille 45 enfants handicapés mentaux de 3 à 10 ans, ne dispose pas de l'eau courante. Le village de Mogilino abrite dans un bâtiment délabré de 1934 plus de 100 enfants handicapés physiques et mentaux, dont la plupart sont immobilisés. La ville la plus proche se trouve à 30 km, alors que l'orphelinat ne possède que deux vieux véhicules, raconte la comptable Nina Sarafova. Cet été, une épidémie de dysenterie a tué trois enfants dans l'orphelinat de Medven.

En Bulgarie, 35 123 enfants abandonnés, soit 2% de tous les enfants bulgares, sont à la charge de l'Etat dans 359 orphelinats. Certains de ces orphelinats doivent fermer, selon le projet d'une valeur globale de 19,6 millions de dollars financé par la Banque mondiale, le programme PHARE de l'Union européenne, les gouvernements japonais, britannique et bulgare. Le taux d'abandon en Bulgarie est «l'un des plus élevés en Europe», selon la Banque mondiale, qui a estimé que 29 500 autres enfants risquent d'être abandonnés. La majorité des pensionnaires dans les orphelinats bulgares sont d'origine tzigane et moins d'1 % d'entre eux sont orphelins.

Incapables de subvenir financièrement à leurs besoins, les familles pauvres ou les mères adolescentes abandonnent leurs enfants, mais empêchent leur adoption en ne signant pas de déclaration d'abandon. Le gouvernement a investi 10 millions de leva (7,5 millions de francs) pour améliorer les soins dans les orphelinats. La réforme prévoit aussi que des familles, qui souhaitent parrainer des enfants abandonnés, assument leur éducation jusqu'à leur majorité. L'Etat leur versera jusqu'à 210 leva par mois par enfant.

Désormais, des centres spécialisés prennent en charge pendant la journée les enfants de familles pauvres, ainsi que des enfants handicapés. Des unités de soutien seront également créées pour encourager les mères seules à garder l'enfant. Le projet vise aussi à assurer un emploi aux pensionnaires qui quittent les orphelinats à 18 ans. Ces enfants, qui vivent «dans la pauvreté, ne sont pas préparés à la vie indépendante et risquent de devenir criminels, prostitués, drogués, chômeurs, sans-abri ou même de se suicider», selon une analyse de la Banque mondiale.

(sda)