Le processus de paix israélo-palestinien plongé dans l'incertitude

Le principal négociateur palestinien, Saëb Erekat, a confié ne plus être certain, dans le climat actuel de tension, que les pourparlers puissent se poursuivre comme prévu. Le chef de la délégation israélienne, le ministre des Affaires étrangères par intérim Shlomo Ben-Ami, veut pour sa part garder confiance.

Shlomo Ben-Ami a répondu qu'il ne fallait pas que ces «affrontements tragiques» offrent aux extrémistes «un droit de veto sur le processus de paix, tout particulièrement à ce stade délicat». Il semblait faire allusion au chef de l'opposition israélienne, Ariel Sharon.

L'apparition jeudi dernier sur l'Esplanade des mosquées de la vieille ville de Jérusalem du leader du Likoud a été ressentie par les Palestiniens comme une provocation, voire une profanation de lieux saints islamiques.

Il paraît aujourd'hui exclu que les négociateurs se retrouvent si ces affrontements se poursuivent. Plus les violences dureront, plus la méfiance se réinstallera entre eux et plus il leur sera difficile de se rasseoir à la même table.

Pourtant toute chance de reprise n'est pas écartée. Yasser Arafat et Ehud Barak n'ont jusqu'ici pas rompu le contact. Les observateurs jugent positif que le leader palestinien et le premier ministre israélien se soient parlé au téléphone à deux reprises depuis jeudi, même s'il s'agissait de s'imputer mutuellement la responsabilité de l'escalade.

Les deux hommes se sont au moins convenus de ne pas jeter de l'huile sur le feu. Il n'entendent pas compromettre un processus de paix qui en est arrivé, après nombre de revers, au stade décisif des contours concrets d'un règlement final.

Au centre de l'accord figure précisement l'épineuse question de l'avenir de la veille ville de Jérusalem. La ville abrite les lieux saints des trois religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l'islam.

Israël insiste pour que la ville reste réunifiée et sous sa souveraineté. Les Palestiniens exigent que la partie orientale, conquise en 1967 par Tsahal, devienne la capitale de leur futur Etat. Tous les efforts des négociateurs et des médiateurs pour résoudre cette question ont jusqu'à présent échoué.

Ehud Barak a pourtant concédé, au moment même où M. Sharon apparaissait sur l'Esplanade des mosquées, que les Palestiniens pourraient avoir pour capitale «Al Qods» (Jérusalem en arabe) aux côtés d'une Jérusalem capitale de l'Etat juif.

Privé de sa majorité à la Knesset depuis juillet par les défections de partis jugeant qu'il faisait trop de concessions aux Palestiniens, M. Barak est en quête d'un compromis de paix avant la reprise de la session parlementaire, à la fin du mois.

Yasser Arafat a pour sa part accepté, pour donner ses chances à la paix, de reporter au 15 novembre toute décision quant à la date de proclamation unilatérale d'un Etat palestinien. Mais il ne pourra éternellement en repousser l'échéance sans risquer de se discréditer.

(sda)