Les taliban ont détruit la tête du plus grand boudddha du monde

Selon Afghan Islamic Press (AIP), une agence privée proche des taliban, la milice islamiste a dynamité la tête de ce bouddha de 55 mètres de haut. Plusieurs autres bouddhas ont été sculptés dans la falaise de Bamiyan entre le 2e et le 5e siècle de notre ère.

Un responsable de l'opposition anti-taliban avait annoncé un peu plus tôt que la milice avait repris la démolition des bouddhas de Bamiyan avec des chars, de l'artillerie et des explosifs.

Un «petit» bouddha déjà décapité

Ahmed Bahram, porte-parole de Hezb-i-Wahdat, un mouvement d'opposition armée hazara - l'éthnie majoritaire dans le centre du pays -, a affirmé qu'il n'était pas en mesure d'évaluer les dégâts causés aux deux bouddhas. Le Hezb-i-Wahdat avait brièvement repris la vallée de Bamiyan aux miliciens taliban à la mi-février.

Le «petit» bouddha (38 m) avait déjà eu la tête détruite à coups de roquettes par les taliban lors de la prise de la vallée par la milice islamique en 1998. Le 26 fervier dernier, le mollah Mohamed Omar, le chef suprême des taliban avait ordonné la destruction de toute la statuaire afghane pre-islamique, notamment les statues bouddhiques pour prévenir l'idolâtrie.

Un décret «irréversible»

La milice islamiste a affirmé ensuite à plusieurs reprises ces jours derniers que les destructions iconoclastes seraient menées à leur terme, au nom de l'islam, en dépit des sévères condamnations de l'ensemble de la communauté internationale.

Jeudi, le ministre taliban des Affaires étrangères Wakil Ahmed Mutawakel a répété que le décret du chef suprême des taliban, le mollah Mohamed Omar, du 26 février ordonnant la démolition de la statuaire afghane était «irréversible».

Dans son décret, le mollah Omar ordonne la destruction de «toutes les statues» bouddhiques du pays car elles «ont été utilisées auparavant comme des idoles et des divinités par les incroyants qui leur vouaient un culte».

«Idoles» et «respect»

«Aujourd'hui, ces statues sont respectées et peuvent redevenir des idoles». En conséquence, il faut les détruire «de façon à ce qu'à l'avenir, personne ne leur voue de culte ni ne les respecte», poursuivait le décret.

Face à ce vandalisme, l'UNESCO, qui a notamment dépêché en vain dans la région l'ancien ambassadeur de France, Pierre Lafrance, pour essayer de faire fléchir les taliban, a aussi tenté de mobiliser les énergies pour sauver les bouddhas.

Dans le concert international de protestations, les pays de tradition bouddhiste comme la Thaïlande, le Sri Lanka et le Japon ont été particulièrement actifs et sont intervenus à plusieurs reprises pour sauver ces vestiges inestimables du bouddhisme afghan.

(kil/sda)