«Un gouvernement d'urgence nationale est indispensable, non
seulement pour faire face aux Palestiniens, mais aussi aux Arabes.
Il répond à l'attente des Israéliens», a déclaré jeudi soir Ehud
Barak.
Peu auparavant, l'armée israélienne a lancé plusieurs attaques
contre des cibles palestiniennes à Gaza, Ramallah, Hébron, Naplouse
et Jericho après le lynchage de ses trois soldats à Ramallah. Au
moins 36 Palestiniens ont été blessés dans ces raids, selon des
sources hospitalières.
Les Palestiniens ont parlé d'une déclaration de «guerre» par
Israël. Le Fatah, mouvement du président Yasser Arafat et
principale composante de l'OLP, a décrété une mobilisation de ses
membres pour faire face à «l'agression» israélienne, alors que
vendredi s'annonce de nouveau comme la journée de tous les dangers.
A Beyrouth, le chef de file des chiites libanais du Hezbollah,
le cheikh Hassan Nasrallah, a invité les musulmans à descendre dans
la rue après la traditionnelle prière du vendredi dans le cadre
d'un «jour de la colère arabe» visant à obliger les gouvernements à
prendre des mesures de rétorsion contre Israël.
Rien ne pouvait mieux illustrer le fait que le processus - du
moins dans sa phase actuelle - est à l'article de la mort que la
décision de M. Barak de former dans les trois ou quatre jours à
venir «un gouvernement d'urgence nationale» comprenant le Likoud,
le principal parti de l'opposition israélienne.
M. Barak agitait depuis plusieurs semaines la menace d'un tel
gouvernement d'unité nationale avec le Likoud d'Ariel Sharon. Ce
dernier est sans doute le politicien israélien le plus haï de tout
le monde arabe et des Palestiniens depuis le massacre de centaines
de réfugiés palestiniens en 1982 dans les camps de Sabra et
Chatila, au Liban.
Mais les analystes s'accordent pour dire qu'il s'agissait là
d'un moyen pour faire pression sur M. Arafat et l'inciter à revenir
à la table de négociations dans de meilleures dispositions, c'est-à-
dire plus enclin au compromis. M. Sharon et son parti sont, en
effet, catégoriquement opposés aux compromis territoriaux.
A long terme, tout le monde s'accorde pour dire qu'Israéliens et
Palestiniens sont condamnés à négocier une paix, dans la mesure où
ils sont condamnés par l'Histoire et la géographie à vivre côte à
côte.
Le président Bill Clinton a annulé tous ses rendez-vous pour se
concentrer sur la situation au Proche-Orient. Il a condamné le
lynchage des trois militaires de Tsahal et exhorté Palestiniens et
Israéliens à décréter un cessez-le-feu immédiat.
M. Clinton s'est entretenu à plusieurs reprises avec le
président égyptien Hosni Moubarak et d'autres dirigeants arabes.
M. Moubarak a proposé d'organiser en Egypte un sommet avec les
Israéliens, les Palestiniens et les Américains lorsqu'Israël
acceptera de mettre fin aux violences. Bill Clinton a déclaré être
prêt à s'y rendre.
L'Egypte a par ailleurs affirmé que le sommet arabe sur la
situation au Proche-Orient se tiendrait à la date prévue les 21 et
22 octobre.
Sous la pression de Washington, le Conseil de sécurité de l'ONU
a en revanche reporté jusqu'à lundi au moins une réunion d'urgence
réclamée par les Palestiniens. Les Etats-Unis ont menacé de mettre
leur veto à un projet de résolution palestinien qui exigeait «un
arrêt immédiat des violences».
(sda)