Soudan: Les pirates de l'air se sont rendus

Les cinq pirates de l'air, tous des élèves officiers, qui se définissaient comme des étudiants au moment où Addis Abeba est le foyer d'un sanglant conflit estudiantin, ont libéré peu avant 03h00 leurs derniers otages, 33 passagers et six membres d'équipage. Ils se sont ensuite rendus.

L'avion, un Antonov-12, avec 56 personnes à bord, acheminait des militaires éthiopiens et leurs familles d'une base vers une autre lorsqu'il a été détourné vers l'aéroport international de Khartoum. Il y a atterri jeudi vers 17h30.

Pas d'extradition

A la descente des pirates de l'appareil, les membres des services de sécurité ont saisi les grenades et les couteaux en leur possession. Ils ont été aussitôt emmenés en détention.

Cet épilogue pacifique est intervenu peu après l'annonce par le ministre soudanais de l'Information, Ghazi Salaheddine Atabani, de la conclusion d'un accord avec les ravisseurs. Il avait affirmé que les pirates avaient accepté de rendre leur liberté aux otages contre la garantie de ne pas être extradés.

Khartoum et Addis Abeba entretiennent de bonnes relations, illustrées en mai 1998 par la restitution à l'Ethiopie d'un avion militaire d'entraînement de type Cessna, dont le pilote avait fait défection.

Asile politique

Par la suite, M. Atabani a révélé que «les pirates avaient d'abord demandé à se rendre vers n'importe quel autre pays et que les autorités soudanaises leur obtiennent les visas nécessaires». «Lorsque nous les avons convaincus qu'aucun pays n'allait les accepter, ils se sont rendus compte qu'ils n'avaient pas d'autre issue et se sont rendus aux autorités», a-t-il affirmé.

Les auteurs du détournement avaient demandé l'asile politique au Soudan et relâché les 11 passagers civils, six femmes et cinq enfants, quelques heures plus tôt. Auparavant, un membre d'équipage avait réussi à s'échapper.

«Pas de liberté en Ethiopie»

Après sa reddition, l'un des pirates de l'air, accompagné de M. Atabani, a déclaré aux journalistes: «La situation en Ethiopie est très mauvaise, économiquement et politiquement». «Il n'y a pas de liberté, il n'y a pas de liberté de rassemblement», a-t-il ajouté.

Les étudiants de l'Université d'Addis Abeba ont entamé le 10 avril un mouvement de boycottage des cours, qui a débouché sur des émeutes et de violents affrontements entre jeunes et policiers, faisant plus de 30 morts et 250 blessés. Ils exigeaient le retrait du service de sécurité dans le campus, jugé trop strict et violent.

De 2000 à 3000 étudiants de l'Université, détenus dans un collège de police après ces troubles, ont été libérés jeudi. Leur libération était l'une des principales revendications posées par les étudiants pour mettre fin à leur grève.

(la/sda)