Assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale

Depuis le choc de l'OMC à Seattle en novembre 1999, syndicats, collectifs et autres organisations non gouvernementales (ONG) ont saisi toutes les occasions de se manifester: forum de Davos, réunion de printemps FMI/BM à Washington, Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) de Bangkok, etc.

Ni la croissance mondiale - 4,7 % pour 2000, selon le FMI -, ni la «main tendue» d'institutions embarrassées ne désarment des «anti» en quête d'un partage des richesses plus équitable. Et particulièrement remontés contre le FMI, accusé par son ultra-libéralisme d'»aggraver la situation des pays en développement.»

A son tour, la session pragoise pourrait s'en trouver perturbée, sinon paralysée, même si les militants ont choisi de consacrer une grande partie de leur temps à des rencontres et débats.

Sur toute une semaine, les Tchèques de l'Initiative contre la mondialisation économique (Inpeg) et une coalition d'ONG internationales et d'Europe centrale organisent qui un «contre-sommet» visant à faire le point sur les contre-propositions au FMI, qui un forum sur le développement.

Ce programme réunira d'innombrables organisations du monde entier, sources de plus en plus structurées de réflexions et d'expertise. Mais la confrontation se déroulera aussi encore une fois dans la rue avec, surtout à partir du 23 septembre, parades, chaînes humaines et marches «non-violentes», répètent les organisateurs.

L'Inpeg, par la voix de Chelsea Mozen, assure que l'accès des délégués au sommet du FMI ne devrait pas être bloqué, comme cela avait été le cas à Washington. «Mais nous trouverons autre chose», promet-elle malicieusement.

Point d'orgue, une manifestation, le 26 septembre, «Journée mondiale d'action contre le capitalisme», pourrait réunir 20 000 personnes, espère l'organisation. Des bus seront affrétés de toute l'Europe.

Dans la ville, la présence des forces de l'ordre sera renforcée à un niveau jamais atteint depuis 30 ans, tandis que les habitants ont été invités à partir à la campagne.

Le président Vaclav Havel s'est d'ailleurs inquiété de ce climat de «guerre civile» et de cette «attention accordée aux préparatifs de sécurité», préférant organiser, le 23 septembre, une rencontre entre institutions et ONG.

Ces protestations permettront en tout cas de mesurer l'adhésion à ces thèmes des opinions d'Europe centrale et orientale, région parmi les premières concernées par la politique du FMI. Les militants tchèques avaient lancé dès mars un «appel à l'action» contre le sommet.

Leur coalition hétéroclite est, comme à l'Ouest, composé de défenseurs de l'environnement, syndicalistes, anarchistes ou mouvements religieux, et soutenu par des militants «expérimentés», comme l'explique Chelsea Mozen, jeune Américaine en première ligne des manifestations de Washington et venue à Prague aider à l'organisation des événements.

Les Européens devraient constituer le gros des étrangers. En France, nombre d'associations enverront des représentants. Héraut de cette révolte contre la «World Company», le syndicaliste paysan José Bové pourrait notamment en être, en dépit de sa récente condamnation par la justice française.

L'enjeu de Prague, pour le mouvement antimondialisation, est aussi interne: il consiste à faire émerger un réseau international spécifiquement consacré au FMI, comme il en existe autour des questions de la dette ou de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), analyse Christophe Aguiton, de la coordination française.

Enfin, «il est important de tisser des liens avec les gens de l'Est, qui ont longtemps connu des syndicats bureaucratiques, où les ONG étaient inexistantes et dont les réseaux associatifs sont en construction», note le Français.

(sda)