Boxe: La leçon du maître

Souvent comparé à l'ancien champion du monde Mike Tyson, Tua n'en avait pas la brutale sauvagerie. Lewis, utilisant au mieux sa supériorité en taille (1m96 contre 1m82) et en allonge, s'est contenté de boxer à distance avec son jab du gauche, choisissant tranquillement ses moments pour placer des séries des deux mains.

Les coups du Néo-Zélandais, originaire des îles Samoa, en particulier ses larges crochets du gauche, son arme principale qui lui avait permis de remporter 32 de ses 37 victoires avant la limite, ne rencontraient eux, le plus souvent que le vide.

A l'issue du combat, totalement à sens unique après la quatrième reprise, Lewis (35 ans) obtenait 10, 8 et 6 points d'avance sur les cartes des trois juges pour la 38e victoire de sa carrière, la 14e de rang depuis son unique défaite il y a six ans. «Si on va à la guerre, il faut amener un arsenal complet, pas juste un crochet du gauche et une coupe de cheveu», a remarqué Lewis, faisant allusion à la coiffure en balai-brosse du Samoan.

«Tout ce qu'il a fait c'est rester là à attendre une occasion de placer son crochet du gauche», a ajouté le Britannique. «J'ai fait tout le travail. Il encaisse bien, mais il n'avait jamais vu un boxeur comme Lennox Lewis».

Tua, qui était le favori des quelques 12 000 spectateurs garnissant l'arène de l'hôtel-casino où se déroulait le combat, a évoqué une côte fracturée il y a deux mois à l'entraînement pour expliquer sa peu convaincante performance. «Un coup au second round a réveillé la blessure», a-t-il fait valoir. «Mais ce n'est pas une excuse. J'ai fait du mieux que j'ai pu. J'ai essayé. Lennox Lewis est un grand champion».

Tua (28 ans), pour son premier Championnat du monde et la deuxième défaite de sa carrière, a touché un bourse de 3,5 millions de dollars. Lewis, qui s'est enrichi lui de 10 millions de dollars, en était à son 14e combat pour un titre mondial, le troisième de l'année aprés des victoires éclairs sur l'Américain Michael Grant au printemps et le Sud-Africain François Botha cet été.

Prochain adversaire possible pour le Britannique, Mike Tyson, le seul des grands poids lourds de son époque qu'il n'ait pas rencontré et battu. «Si Tyson veut venir me tester, je suis prêt», a-t-il confié. «Je suis prêt à prendre tout ceux qui se présentent. Je suis comme le bon vin. Je me bonifie avec l'âge».

(sda)