Cyclisme: Echec aux favoris - Bortolami vainqueur

Terriblement dur lorsqu'il pleut et fait froid, conditions qu'affectionnent les coureurs belges, le Tour des Flandes devient une course «normale» si le temps est clément. Les Belges, qui ont dû laisser échapper le contrôle de la course dans sa phase décisive, ont ainsi finalement subi la loi de coureurs qui sont sortis au bon moment (Bortolami et Zanette) ou d'un autre qui s'est glissé dans l'échappée au long court et à résisté jusqu'au bout après avoir été en difficulté dans chaque côte (Dekker).

Le retour de Bortolami, à l'âge de 33 ans, est assez étonnant. Après avoir dû jouer les porteurs d'eau pour Casagrande puis Vainsteins, il est désormais libéré par le départ de ses deux anciens leaders dans d'autres formations. Débarrassé d'une mononucléose, il a repris goût à un sport cycliste qu'il envisageait d'abandonner alors même qu'il lui avait donné les plus belles satisfactions. Il a connu sa meilleure année en 1994. Alors chez Mapei-Clas, il avait remporté une étape du Tour de France, la Leeds Classic, le Championnat de Zurich et le classement final de la Coupe du monde.

La première véritable offensive fut déclenchée après 135 km par l'Italien Paolo Bossoni, les Belges Nico Eeckhout et Christophe Detilloux et le Hollandais Martin Van Steen. La présence en tête d'un coureur de Lotto (Eeckhout) laissait présager de la tactique des équipiers du vainqueur de l'an dernier, Andrei Tchmil. Il s'agissait de placer un homme à l'avant et de laisser le poids du contrôle de la course à d'autres formations. Lorsqu'un groupe de contre-attaque se détacha, deux représentants de l'équipe Lotto en faisaient encore partie, Fabian de Waele et Paul Van Hyfte.

Par vagues, 22 hommes se retrouvaient ainsi au commandement à 110 km de l'arrivée. Et il y avait du beau monde. Quelques-une des meilleures équipes étaient représentées par deux ou trois coureurs, notamment Rabobank (Erik Dekker, Martin Den Bakker), US Postal (Matthew White, Christian Vandevelde), Mapei (Daniele Nardello, Stefano Zanini), Lampre-Daikin (Ludo Dierckxens, Mariano Piccoli), Fassa Bortolo (Alessandro Petacchi, Fabio Baldato, Leonardo Giordani).

C'était bien joué tactiquement. Ces équipes pouvaient jouer sur deux fronts: prendre des risques à l'avant alors que leurs leaders restaient «au chaud» dans le peloton. En revanche, certaines des formations pouvant nourrir certaines ambitions mais ayant «raté le bon wagon», se trouvaient dans l'obligation de s'employer en tête du peloton pour éviter que l'écart prenne de trop grandes proportionjs. Les Saeco, Cofidis, Telekom s'engagèrent, pas toujours avec efficacité. Tout le monde donnait l'impression de se réserver en vue de la bagarre qui devait s'engager dans les 65 derniers km avec le franchissement de pas moins de dix côtes.

Les favoris jouèrent hélas les attentistes. Markus Zberg attaqua dans le Paterberg, le 8e des 16 monts (65 km de l'arrivée), sans insister. Nico Mattan fut victime d'une chute et d'une crevaison dans l'Eikenberg mais pu revenir. Au même moment (45 km de l'arrivée), Franco Ballerini, Maximilien Sciandri, Geert Van Bondt et Chris Peers réuisssaient à sortir et à revenir sur les échappés, avant un retour solitaire et impressionnant de Rolf Soerensen. Les différents «monts» laminaient le groupe de tête, qui se disloquait dans chaque ascension, mais se reconstituait partiellement ensuite. Après le passage du Grammont et du Bosberg (15e et 16e côtes), ils étaient encore huit au commandement. Ils rallièrent l'arrivée avec 18'' d'avance sur le groupe des favoris. Il fallut la photo-finish pour départager Bortolami (1er) de Dekker (2e).

Les favoris battus. Ils n'ont pas été capables de réagir dans les derniers monts, préférant se marquer. Mais l'issue est morale. Les audacieux ont été récompensés.

(kil/sda)