GP d'Allemagne - Rubens Barrichello: «Merci Senna!»

Les yeux levés vers le ciel, signe de croix de la main droite, drapeau brésilien dans la gauche, Barrichello ne pouvait que craquer. Balancer entre la joie, immense, son envie de plaisanter en dirigeant du geste l'hymne italien saluant le succès de Ferrari, et l'émotion qui le faisait fondre en larmes.

A ses côtés, Mika Hakkinen et David Coulthard ses dauphins ne devaient pas rester insensibles à tant de bonheur. Le Finlandais tapotait ainsi amicalement la tête du Brésilien. Avant que l'Ecossais ne donne le signal à son coéquipier de porter le vainqueur en triomphe. A l'arrivée d'ailleurs, ils s'étaient précipités les premiers vers la Ferrari pour féliciter son pilote.
Depuis le temps que le gamin de Sao Paulo rêvait de remporter un Grand Prix. De se montrer digne de la confiance que lui avait accorder à ses débuts un aîné prestigieux du nom de Ayrton Senna da Silva.

Formidable opportunité

«Je dédie cette victoire à Senna. Il m'entend là-haut. Cette victoire est le meilleur moyen de le remercier pour tout ce qu'il a fait pour moi», déclarait le Brésilien, la gorge serrée. Dès la ligne d'arrivée franchie, une fois extirpé de son cockpit, Rubens Barrichello était passé de bras en bras pour de multiples accolades sincères de Jean Todt, de toute l'équipe. De Michael Schumacher aussi. L'Allemand se devait bien de rendre hommage à son coéquipier.

Eliminé pour la troisième fois consécutivement, dès le premier tour comme en Autriche, après un accrochage avec Giancarlo Fisichella (Benetton-Supertec), Michael Schumacher pensait bien que le jour d'abandonner la tête du Championnat du monde était arrivé.

Coulthard, parti en tête, avait coupé la trajectoire de l'Allemand... comme ce dernier avait su si bien le faire à Magny- Cours. Et Hakkinen en avait profité pour aborder la première courbe au commandement. Alors Schumacher était parti sur la gauche de la piste, se faisant percuter par Fisichella. «Si je suis bien parti ? Non car à voiture égale mon coéquipier m'a passé», ironisait l'Ecossais.

Les McLaren-Mercedes semblaient promises à un nouveau doublé, le Finlandais à la victoire. Mais le sort allait inverser le cours des événements, offrir à Rubens Barrichello une formidable opportunité de l'emporter lui qui, depuis le début de la saison, avait été accablé par la malchance ou contraint de jouer les coéquipiers modèles.

Côte d'alerte

Il y eut d'abord un énergumène vêtu d'une cape blanche avec l'inscription «Mercedes» se promenant en bord de piste. Puis un accident spectaculaire de Jean Alesi (Prost-Peugeot). A chaque fois, la voiture de sécurité intervenait, provoquant le regroupement des voitures du 26e au 28e tour, puis au 31e. La confortable avance des McLaren étaient ainsi réduite à néant. Et la tactique d'un seul ravitaillement, contre deux à Barrichello, mise en échec.

Il ne manquait plus qu'un orage (33e tour). Des averses en deux points du circuit. Les McLaren jouaient la prudence en effectuant un arrêt pour chausser des pneus pluie. Barrichello, lui, restait en piste avec ses pneus «sec».

La partie sèche (deuxième secteur), allait lui permettre de construire son succès. Il ne restait plus qu'à démontrer une formidable adresse sur les parties mouillées (1er et 3e secteurs) pour résister. Comme Michael Schumacher sait le faire. Comme Senna le «maître» de la pluie qui se jouait magistralement des pistes humides.

Grâce à Rubens Barrichello, Ferrari et Michael Schumacher conservaient la tête du Championnat du monde. Mais pour l'Allemand la côte d'alerte est désormais atteinte. Mika Hakkinen et David Coulthard ne sont plus qu'à deux points. Et Rubens Barrichello est revenu à dix...

(ba/news.ch)