Jean Paul II appelle au pardon mutuel entre musulmans et chrétiens

Accueilli par des applaudissements, le souverain pontife, accompagné du mufti de la république syrienne, cheikh Ahmed Kaftaro, est entré dans la Mosquée des Omeyyades à Damas, l'une des plus vénérées de l'islam. Il s'est ensuite rendu dans la salle de prière.

Le pape, qui doit fêter ses 81 ans le 18 mai, s'est recueilli les yeux quasiment fermés sur le tombeau qui abrite d'après la tradition la relique de Saint Jean Baptiste, que les musulmans vénèrent sous le nom du prophète Yahya. Il a ensuite pris place entre le mufti et le ministre des Waqf (Affaires religieuses), Mohammad Zyada, dans la cour de la mosquée.

Rapprochement

Jean paul II a alors prononcé un discours pour le rapprochement islamo-chrétien. «Je souhaite ardemment que les responsables religieux musulmans et chrétiens présentent nos deux importantes communautés religieuses comme des communautés engagées dans un dialogue respectueux et plus jamais comme des communautés en conflit», a-t-il indiqué.

«Il est capital d'enseigner aux jeunes le chemin du respect et de la compréhension afin qu'ils ne soient pas amenés à faire un mauvais usage de la religion elle même pour promouvoir ou justifier la haine et la violence», a ajouté Jean-Paul II, devant une assemblée de dignitaires musulmans et chrétiens.

Pardon

Le souverain pontife a ensuite appelé chrétiens et musulmans à s'accorder un pardon mutuel. «Chaque fois que les musulmans et les chrétiens se sont offensés les uns les autres, nous avons besoin de rechercher le pardon qui vient du Tout Puissant et de nous offrir mutuellement ce pardon», a lancé le pape.

Il s'agit d'une nouvelle étape dans le plaidoyer du pape pour le pardon. Il avait déjà lancé le rapprochement avec les juifs en se rendant en 1985 à la synagogue de Rome. Et en Grèce vendredi, il avait demandé le pardon de Dieu pour les péchés commis par les catholiques envers les orthodoxes.

Terrain politique

Côté syrien, M. Zyada a réitéré les propos du président syrien Bachar el-Assad la veille. Il a appelé le pape à «être conscient de ce qui est tramé contre nous (chrétiens et musulmans) par les ennemis de Dieu, les sionistes haineux». Le pèlerinage du pape sur les traces de Saint Paul a clairement revêtu dans son étape syrienne un aspect politique.

Samedi, le président Assad avait affirmé qu'Israël voulait «assassiner tous les principes de toutes les religions, de la même manière qu'ils (les juifs) avaient trahi Jésus et essayé de tuer le prophète Mahomet».

Un conseiller du Premier ministre israélien Ariel Sharon, Avi Pazner, a qualifié dimanche ces propos «d'ignobles». Il a estimé qu'ils traduisaient une «attitude antisémite».

Grande messe

Sa visite historique dans la Mosquée des Omeyyades a été précédée le matin par une grande messe riche en couleurs au stade des Abbassides, à quelques kilomètres du centre-ville de Damas. Le pape y a lancé un appel pour la paix, l'entente et le respect entre musulmans, chrétiens et juifs.

Lundi, le pape doit se rendre à Kuneitra, une ville du plateau du Golan occupée en 1967 par Israël qui l'a détruite avant son retrait, en 1974, aux termes des accords de désengagement conclus après la guerre de 1973. La Syrie compte environ 2,4 millions de chrétiens sur un total de 17 millions d'habitants.

(kil/sda)