Pavel Borodine en prison à Genève

Agé de 54 ans, Pavel Borodine est né à Nijni Novgorod dans une famille pauvre. Il est marié et père de cinq enfants, dont quatre adoptés. Ce pur produit de l'ancien système communiste a travaillé dans sa jeunesse dans un sovkhoze (ferme d'Etat), puis a fait ses études à l'Institut de construction et de chimie de Moscou. Dans les années septante, il se rend en Iakoutie, région très riche en matières premières. Il devient rapidement vice-directeur d'une entreprise étatique puis est élu maire de la capitale Iakoutsk en 1988.

Cette élection sera décisive pour la suite de sa carrière. En 1990, le futur président Boris Eltsine visite Iakoutsk et semble impressionné par les réalisations de son maire. Trois ans plus tard, Pavel Borodine est appelé à Moscou pour diriger le «Département des affaires du président». Il est alors à la tête d'un patrimoine estimé à plusieurs milliards de dollars. En plus des bâtiments officiels comme le Kremlin, il administre des milliers de logements, de bureaux et de datchas, ainsi que des hôtels et des parcs de voitures. Il fait travailler près de 100 000 personnes. En juillet 1999, l'intendant du Kremlin présente avec fierté le Grand Palais du Kremlin remis à neuf, après deux ans de travaux ayant coûté quelque 335 millions de dollars. A la tête de l'administration présidentielle, Pavel Borodine peut aussi façonner les carrières. Le président actuel Vladimir Poutine lui-même doit en partie son accession au pouvoir à Pavel Borodine. En 1997, ce dernier appelle en effet à ses côtés l'ancien chef des Services fédéraux de sécurité (FSB, ex-KGB). L'affaire des pots-de-vin entourant les travaux du Kremlin provoquera toutefois le déclin de Pavel Borodine, même si aucune condamnation n'a été prononcée à ce jour contre lui. Il sera limogé par Vladimir Poutine en janvier 2000 peu après le départ du président Eltsine. Il occupe depuis le poste peu prestigieux de secrétaire exécutif de l'Union Russie-Biélorussie.

Vladimir Poutine semble désormais l'avoir définitivement «lâché», au vu de la modération avec laquelle le Kremlin a défendu Pavel Borodine après son arrestation en janvier à New York. Selon les observateurs, le président a voulu donner un signal de sa volonté de lutter contre la corruption.

(sda)