Situation explosive dans les territoires palestiniens

La situation a été particulièrement explosive en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Au moins onze Palestiniens ont été tués et plus de 70 autres blessés par balles dimanche dans de nouveaux heurts avec l´armée israélienne. Le nombre de blessés approche au total le millier et les hôpitaux palestiniens sont totalement débordés.

Images chocs

Les images atroces, retransmises par les télévisions du monde entier, de la mort de Rami Jamal al-Dourra, un enfant palestinien de douze ans tué samedi dans la bande de Gaza, apparemment par des balles israéliennes, ont plongé Israël dans un profond embarras.

La presse palestinienne a accusé Israël d´avoir commis un "crime de sang froid", se félicitant que les images aient été montrées dans le monde entier, y compris en Israël. L´armée israélienne a publié elle un communiqué dans lequel elle déplore la mort de l´enfant.

Mais elle dénonce également "l´utilisation cynique des femmes et des enfants conduits sur des terrains de confrontations". Une enquête a été ouverte. La scène bouleversante montre un père et son enfant blottis derrière un bloc de pierres, avant qu´une rafale ne tue l´enfant et blesse grièvement son père.

Des pierres contres des hélicoptères

L´armée israélienne a utilisé la manière forte face aux Palestiniens. Elle a envoyé des hélicoptères de combat, déployé des blindés en direction de la Cisjordanie et tiré des roquettes anti-char.

Un garde-frontières est décédé par la suite à Naplouse. Cet Arabe israélien de 19 ans est le premier tué parmi les membres des forces de sécurité israéliennes depuis le début des troubles.

En Israël même, de véritables batailles de rue ont opposé la police à des manifestants arabes israéliens. A Naplouse, un enfant de sept ans a été apparemment touché au coeur par une balle perdue alors qu´il se trouvait sur un toit. Les forces de sécurité palestiniennes ont utilisé dimanche à plusieurs reprises des armes automatiques.

Paix en perdition

La détérioration de la situation augure mal de l´avenir des négociations israélo-palestiniennes. Le ministre israélien des Affaires étrangères par intérim, Shlomo Ben Ami, a néanmoins souhaité que ces évènements tragiques, qu´il a accusé les Palestiniens d´avoir orchestrés, "ne fassent pas dérailler le processus" de paix.

Les Palestiniens ont affirmé de leur côté qu´il n´y aurait pas de pourparlers si les forces de sécurité israéliennes continuaient de tirer. "Tant que les Israéliens négocient par les armes, il n´y aura pas de pourparlers", a déclaré le secrétaire de l´Autorité palestinienne, Ahmad Abdel Rahman.

Pourtant, dimanche soir, l´Autorité palestinienne a confirmé avoir accepté sous condition une offre de cessez-le-feu faite selon elle par Israël pour stopper les effusions de sang sur les territoires. Des témoins en Cisjordanie et à Gaza ont indiqué que la situation semblait s´apaiser.

Ariel Sharon provocateur

Cette explosion de violence a été déclenchée par la visite jeudi du leader de la droite israélienne, Ariel Sharon, sur l´Esplanade des Mosquées à Jérusalem, le troisième lieu saint de l´islam. La visite a été perçue par les Palestiniens comme une provocation.

M. Sharon a rejeté sur les Palestiniens la responsabilité de ces violences, affirmant que c´était "un moyen pour (le président palestinien Yasser) Arafat de faire pression sur Israël et les Américains pour obtenir ce qu´il veut".

(klei/sda)