Suisse - Australie Au bout du suspense

par Laurent Ducret

Auparavant, Lleyton Hewitt avait égalisé pour l'Australie en s'imposant en quatre manches, 6-2,3-6,7-6,6-1, devant Roger Federer. Après cette défaite, la Suisse est désormais condamnée à sauver sa place dans le Groupe mondial, lors des barrages qui réuniront en juillet prochain les huit battus du premier tour et huit formations issues de la deuxième division. Cette équipe, que l'on croyait promise au massacre face à l'Australie après le mauvais feuilleton de ces trois derniers mois, a démontré qu'elle avait largement les moyens de conserver sa place parmi l'élite. Avec ou sans Marc Rosset.

«J'ai tout donné»
George Bastl aurait pu devenir le nouvel héros du tennis suisse. Face à Mark Philippoussis, le Vaudois a très longtemps tutoyé l'exploit. Seulement, son adversaire s'est complètement métamorphosé dans les deux dernières manches. Le joueur de Melbourne a, en effet, attendu d'être mené 2 sets à 1 pour sortir de sa léthargie et retrouver, comme par magie, ce punch qui avait provoqué le désespoir de l'équipe de France. Dans le cinquième set, le premier de sa carrière, Bastl n'a pas eu l'ombre d'une chance. Il s'inclinait sur un break concédé au troisième jeu. A la relance, il ne devait marquer que deux points...
«J'ai tout donné. Le match s'est joué sur un ou deux points. J'étais à mon maximum. Je ne pouvais pas en faire davantage», avouait George Bastl. Le Vaudois pourra, avec le recul nécessaire, nourrir un regret. Il y a eu la place pour un succès en trois sets. Après avoir réussi une sorte d'impossible retour dans la première manche, Bastl ratait le coche au début du deuxième set avec une balle de 2-0 dans sa raquette. Avec un set et un break de retard, Mark Philippoussis n'aurait-il pas cédé au découragement ?

7h21' sur le court pour Federer
En passant au total 7 heures et 21 minutes sur le court, Roger Federer a été le personnage central de cette rencontre. Etincelant vendredi soir face à Mark Philippoussis et très percutant samedi en double aux côté d'un Lorenzo Manta qui a livré sa plus belle performance en Coupe Davis, le Bâlois n'a malheureusement pas tenu la distance face à Lleyton Hewitt. Véritable roc, le prodige d'Adelaïde signait sa quinzième victoire de l'année pour replacer l'Australie à la hauteur de la Suisse. A bientôt 19 ans - il les fêtera le 24 février prochain -, Lleyton Hewitt est déjà un très grand joueur de Coupe Davis.
Un joueur qui ne commet pratiquement aucune faute en revers et, surtout, qui possède un mental à toute épreuve. Même s'il fut parfois déclassé par un Federer capable sur un seul coup de raquette de le laisser à six mètres de la balle, le no 1 australien a été inspiré pendant toute la rencontre par un formidable «fighting spirit». Il ne lâche jamais.
Au troisième set, cette volonté étonnante lui a permis de résister aux assauts du Suisse alors qu'il fut à plusieurs reprises dans les cordes. Dans le tie-break, il exploitait trois erreurs de son rival en coup droit pour mener deux sets à un. Dans le quatrième set, Federer criait grâce après un break concédé à 1-1. Il ne devait marquer que deux points dans les quatre derniers jeux de la partie. «Ce fut un très grand match», devait reconnaître Lleyton Hewitt.
Lleyton Hewitt possédait sur Roger Federer l'avantage de la fraîcheur. Son capitaine John Newcombe ne l'avait pas aligné samedi en double alors qu'il aurait très bien pu évoluer aux côtés de Sandon Stolle, son partenaire habituel. Marc Rosset absent, Roger Federer a été contraint de revêtir les habits du Superman qui sont peut-être encore un peu trop grands pour lui aujourd'hui.

(ba/sda)