Yves Saint Laurent dit adieu à la haute couture

Déçu par le tournant marketing pris par la mode depuis quelques années et se sentant isolé dans un monde où il ne se trouvait plus de réel compétiteur, à 65 ans, Yves Saint Laurent a choisi la retraite. Visiblement tendu, vêtu et cravaté de noir, il a annoncé sa décision au cours d'une conférence de presse, la première et la dernière, au siège de sa maison à Paris.

Il a choisi de dire adieu en remerciant encore une fois «les femmes qui portent ses vêtements» et en réaffirmant son credo sur le pouvoir qu'il leur a donné en les habillant comme des hommes.

Ce grand timide a laissé Pierre Bergé, son numéro deux, répondre aux questions des journalistes. Le président de la marque et co-fondateur a confirmé que l'activité de la maison de couture qui emploie 150 salariés, en grave déficit, allait cesser, tout en démentant que cela soit dû à un désaccord avec François Pinault. «Le départ de Yves Saint Laurent est le fait de sa seule volonté», a-t-il insisté.

Un dernier défilé aura lieu le 22 janvier à Paris et sera en grande partie une rétrospective de «l'oeuvre» du créateur visionnaire. Le départ de celui qui «occupe une place à part dans la mode» est perçu par le quotidien «Libération» comme «la fin d'une époque».

L'Américain Tom Ford, 41 ans, qu'Yves Saint-Laurent n'appréciait ostensiblement pas, sera dorénavant le seul créateur à signer Saint Laurent, via le prêt-à-porter Saint Laurent Rive Gauche. Cette nouvelle situation le place en quelque sorte en position d'héritier par défaut d'une marque historique à laquelle ce créateur efficace doublé d'un sens aigu du marketing a su imposer sa patte.

(sk/sda)