Vache folle: l'Allemagne soupçonne jusqu'à ses saucisses

Le 24 novembre, jour de la découverte du premier cas de maladie de la vache folle dans le cheptel allemand, avait brisé l'illusion dans un pays où l'on se croyait à l'abri de l'épidémie. Deux cas supplémentaires découverts ces derniers jours en Bavière ont définitivement contraint l'Allemagne à se rendre à l'évidence.

Le chancelier Gerhard Schröder avait reconnu mardi avoir commis des erreurs dans la prévention de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Et le secrétaire d'Etat à la Santé, Erwin Jordan, a déclaré craindre que la maladie de la vache folle ne prenne en Allemagne des dimensions semblables à la crise qui sévit en France.

Angoisses populaires

Un instant saisie, l'Allemagne politique a réagi au quart de tour. Dès le 2 décembre, les farines carnées étaient interdites dans l'alimentation de tous les animaux de ferme. La Bavière bouleversée a annoncé un programme d'urgence de plus de quinze millions de francs.

Une angoisse que partage la population, avertie par les médias et les autorités de la nécessité de sélectionner sa nourriture. Et ce jusqu'aux saucisses dont les Allemands sont de fervents consommateurs. A grand renfort de tableaux et d'encadrés, les journaux ont distingué les «bonnes» des «mauvaises» saucisses, celles qui comportent de la viande de boeuf. Résultat des enquêtes: deux sortes seulement ne comportent à coup sûr pas de boeuf, les saucisses de Francfort et les saucisses de jambon.

«Le mystère saucisse»

«Le mystère saucisse», titrait le quotidien Berliner Zeitung paru mercredi, en dévoilant les ingrédients dans les moindres détails: cartilages, nez, yeux et boyaux d'animaux. Il déconseillait aussi de se fier au seul nom des saucisses, souvent trompeur, comme les «saucisses de porc» ou «de dinde» qui contre toute attente peuvent contenir du boeuf.

La prudence est aussi le maître mot de la ministre de la Santé Andrea Fischer qui a confié: «personnellement je n'achèterai plus de saucisse». Mercredi soir, elle a d'ailleurs décidé de retirer de la vente un certain de type de saucisses, fabriquées à partir de chair en contact avec l'os, si celle-ci a été prélevée sur les animaux avant le 1er octobre.

Elements à risque

La ministre avait auparavant exclu une interdiction des saucisses et pâtés, faisant ainsi la sourde oreille à la demande émise lundi par le commissaire européen à la Santé et à la Protection des consommateurs, David Byrne. Selon de nouvelles enquêtes, il n'est pas exclu que de la chair prélevée près de la colonne vertébrale contienne des éléments à risque, comme la moelle, a indiqué mercredi soir le ministère.

L'utilisation des éléments à risque tels la cervelle ou la moelle est interdite depuis le 1er octobre 2000 dans l'UE. Mais les experts affirment qu'ils peuvent être présents dans des produits ayant été fabriqués avant la date de l'interdiction, les saucisses en boîte ou le pâté de foie de boeuf par exemple.

Gerhard Schröder n'a pas encore révélé s'il avait l'intention de rayer la saucisse de son régime. Mais les spéculations vont bon train: «C'est encore bon, chancelier?», interrogeait en Une mercredi le quotidien populaire B.Z. avec en guise d'illustration une photo du chancelier mordant dans une saucisse.

(la/sda)