Les Palestiniens ne croient pas au cessez-le-feu israélien

Lors d'entretiens téléphoniques séparés, le président américain a demandé aux deux parties «d'oeuvrer avec nous pour développer un cadre afin de mettre en oeuvre les recommandations» du rapport Mitchell.

Ce rapport insiste sur la nécessité d'un arrêt immédiat des violences qui ensanglantent depuis huit mois les territoires palestiniens et Israël. Il recommande la mise en place de mesures de confiance, dont le gel de la colonisation israélienne et une lutte de l'Autorité palestinienne contre le terrorisme.

Stopper l'agression israélienne

Dans son entretien avec M. Bush, Yasser Arafat lui a demandé d'agir pour stopper l'agression israélienne contre le peuple palestinien. De même, accueilli à Paris par Lionel Jospin et Jacques Chirac, il a exhorté Ariel Sharon d'accepter l'intégralité du rapport Mitchell et a remercié l'UE pour ses efforts en faveur d'une paix «juste».

«Ce rapport a été accepté par l'Union européenne, par les Etats- Unis, par les pays arabes, par la Russie, par les Palestiniens: c'est un tout qui est indivisible», a-t-il déclaré à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre français, Lionel Jospin.

Appels à l'UE

Recevant de son côté le haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, Javier Solana, Ariel Sharon a lui aussi exhorté l'UE à «convaincre» Yasser Arafat de faire cesser la violence. Il a espéré voir, d'ici sa visite en Europe début juin, «le président Arafat appeler à un arrêt total des hostilités comme nous l'avions fait».

Annoncé mardi soir par Israël, le cessez-le-feu a été remis en question mercredi par les Palestiniens. Ceux-ci ont accusé l'armée israélienne de continuer ses incursions dans la bande de Gaza, accusation rejetée par Tsahal. Le ministre palestinien de l'Information, Yasser Abed Rabbo, a ainsi refusé de s'engager à un arrêt des attaques contre des colons israéliens.

Sécurité pas garantie

L'appel de M. Sharon à «un cessez-le-feu est une tromperie car il n'y a pas une guerre entre deux Etats, mais une agression commise par une armée contre des peuples occupés», a déclaré le ministre. «Nous ne pouvons pas garantir la sécurité de ceux qui volent et confisquent nos terres», a-t-il précisé.

Le secrétaire du gouvernement palestinien, Ahmed Abdelrahmane, a pour sa part qualifié de «supercherie» cette annonce d'un cessez-le- feu unilatéral. Des responsables palestiniens ont fait savoir que des blindés israéliens avaient mené cinq incursions dans la bande de Gaza, faisant au moins 45 blessés, dont dix enfants.

Côté israélien, deux colons ont été blessés par des tirs de Palestiniens contre l'implantation d'Ariel, dans le nord-ouest de la Cisjordanie. L'un d'eux n'a pas survécu à ses blessures. En soirée, des Palestiniens ont tiré pour la première fois depuis le début de l'Intifada en direction d'un quartier israélien de Jérusalem ouest, a annoncé la police israélienne.

Avertissement

Le ministre israélien de la Défense Binyamin Ben Eliezer avait ordonné mardi soir à l'armée de ne plus prendre l'initiative d'ouvrir le feu sauf en cas d'attaque. Israël estimait ainsi appliquer la première étape prévue par le rapport Mitchell, la balle étant désormais dans le camp palestinien.

Par ailleurs, M. Ben Eliezer a averti de nouveau mercredi, à la veille du premier anniversaire du retrait israélien du Liban sud, que l'armée israélienne attaquera des objectifs syriens au Liban en cas d'attaques du mouvement chiite libanais Hezbollah.

(kil/sda)